The Super Mystère Collection
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Extraite du programme de meeting, une photo bien intéressante car au premier plan on y trouve le Piper L-4J-PI CUB C/n 13216 ayant appartenu à un industriel de Haute-Saône effectuant très souvent, sinon systématiquement, des décollages à l'américaine. A deux ou trois reprises, à force de le tanner, j'ai eu droit à un vol comportant cette manoeuvre ayant bien plus d'attrait pour moi que celle d'un chariot des fameux "Grand Huit" des grandes fêtes foraines... Hélas un jour de canicule où l'air était moins porteur l'avion a brutalement décroché lors de son virage à 180° très serré à grande inclinaison en presque sommet de trajectoire ascendante escomptée pour aller s'écraser dans le cimetière proche de l'extrémité de la piste principale en herbe de 1100 mètres, carbonisant le pilote et son passager. Ce cimetière, des années plus tard, a flanqué une frousse au moniteur de vol à voile, pourtant très intrépide pilote de F-84F ou déjà de Super Sabre, sur C.800 avec élève à bord quand le câble de remorquage l'a survolé à presque toucher les tombes car le Tiger Moth, au second régime, était encore quasi incapable de monter après décollage en raison de très fortes chaleurs.
Justement, au second plan, le premier "Tigre Mou" du club perçu très rapidement en août 1950 après la casse du Stampe et qui ne remorqua jamais faute de planeurs au club à l'époque. C'est le F-BDNY, alias NL 882 dans la nomenclature des serials de la Royal Air Force. Cet exemplaire de De Havilland DH 82A Tiger Moth II apporta aux pilotes du club presque les mêmes joies que le Stampe et j'ai fait à son bord quelques vols sages piloté par mon père et quelques autres agités avec "Larinette" (le pilote mentionné photo 14) dont des passages à vitesse max et au ras de l'eau de l'Etang de Malsaucy, plus populairement connu sous le nom d'Etang de Bas-Evette où se déroulent maintenant chaque année les fameuses EUROCKéennes de Belfort. Ce "Tigre" fut complètement détruit lors d'un crash en campagne aux Errues en 1951 provoquant de graves blessures aux 2 occupants et je me souviens de quelques poules écrasées par le responsable d'un Centre Mennonite du coin roulant à tombeau ouvert en Station Wagon Willis Overland, sur des routes à peine plus large que la voiture, pour nous emmener sur les lieux dès le coup de fil ayant annoncé, dès qu'l eût eu lieu, l'accident.
Ceci dit, ce qui me marqua du Tiger Moth par rapport au SV4, ce furent les bourrelets de cuir empêchant les têtes de taper sur du dur en cas de crash, la table à boire le café en avant de la dérive verticale empêchant l'avion de se mettre trop facilement en vrille simple à moins que ce ne soit à plat, mais surtout, en habitacle kaki, la petite marmite faisant office de conservateur de cap et l'horizon artificiel qui me faisait oublier le paysage tant j'adorais le regarder osciller en tous sens quand "Larinette" évoluait ou "se retournait les pinceaux" selon son expression lancée avec un superbe accent de Belleville-Ménilmontant!!! J'aimais aussi être passager dans sa grosse Renault Viva Grand Sport roulant certes à un petit nombre de Mach (!) mais encore plus dans sa Delahaye 135 à roues Rudge (roues à rayons) à mater le compte tours et surtout l'indicateur de vitesse lorsqu'il était en butée...quand on allait, par exemple, de Belfort à Saint-Yan. Je me souviens qu'on s'était arrêté dans un garage après Besançon pour connaître l'origine de très forts claquements à haute vitesse càd 140-145 km/h: c'étaient les bandes de roulement des pneus qui se décollaient!!! Par chance le garage avait la bonne dimension d'enveloppes pour les changer toutes et on arriva sains et saufs en un temps record à La Mecque de la méthode de pilotage en vogue à l'époque où je fus impressionné, outre les merveilles de Stampe, Morane "Deux Cent Trente" et autres Goëland, de voir le minuscule monoplace monomoteur de voltige construit par Louis Notteghem derrière un petit 4 cylindres inversé Walter Mikron de 65 CV et qui partait en vrille avec juste une demie bille en virage dérapé... L'aviation et bien des choses gravitant autour étaient dangereuses en diable, je pourrais narrer des tas d'autres gravissimes pépins, mais ça ne se discutait même pas à l'époque quand on voulait vivre pleinement sa passion à un titre ou à un autre, qu'on soit gamin ou adulte.
Je n'insiste pas sur le NC-853 F-BEZY et le Piper F-BFYD en plans ultérieurs et sur lesquels je reviendrai sûrement mais j'attirerai juste l'attention sur la petite "boite à sardines" du fond constituant le hangar déjà évoqué où j'avais le droit, à condition de ne pas tripoter les clefs de contact, de m'installer en place pilote de chaque avion qu'il contenait et jusqu'à plus soif!!! Le bonheur intégral...