The Super Mystère Collection
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Lourd en Ko mais très agrandi ce tirage papier plus tardif est encore dû à l'ami Jean Paquet de La République de l'Est. On n'est pas dans le vent des hélices mais dans celui qui souffle ce jour là du sud-ouest, costaud, au pied des Vosges, non loin du Ballon d'Alsace. J'adorais ce coin pour voler et, sur Praga avec moteur presque tout réduit pour effacer le disque de l'hélice, mon père ou moi-même ou les deux allions faire du vol de pente au-dessus d'un endroit invisible ici, car situé plus haut et plus à droite que la "biroute" bien tendue, la Chapelle du Gripot, marquant presque le début du tournant initiant la branche ascendante du Massif des Vosges longeant la plaine d'Alsace.
Derrière l'implantation de la cuve de 3000 litres de carburant surmontée de sa ventilation les trois avions étant connus, commençons par le Nord 1001 Pingouin du fond venu de Dijon-Longvic avec l'un des membres du staff Armée de l'Air de la 2ème Région Aérienne, le colonel Migeon (il me semble) en visite amicale ou pour discuter avec Robert Rhein le trésorier de l'AéC belfortain et mon père président de problèmes d'infrastructures, de préparation militaire "Air" ou de la Section Vol à Voile, cette Arlésienne tant attendue qui intéressait à juste titre les militaires puisque des personnels de la BA 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur et de la 11ème Escadre de Chasse qui y stationnait auraient pu venir s'y entrainer, procurant ainsi au club de très conséquentes dotations en essence permettant de faire voler à très bon compte les jeunes pouvant en outre bénéficier de la fameuse "Prime Couston" de 1000 francs de l'époque par heure de vol. Que ce soit avec l'AdlA ou même l'USAF basée à Chaumont-Semoutiers, l'aéro-club a toujours entretenu des relations très privilégiées et soignées avec les militaires.
Pour en revenir aux avions, le Pingouin était bleu marine mais on me dirait qu'il était noir que je ne protesterais pas. Pour l'insigne j'en ai perdu la photo plein cadre : aviateur de face pédalant sur un vélo à hélice? Dur à affirmer car, déjà dit, beaucoup de colonels amis venaient nous voir en Pingouin, Noralpha, Siebel, Goëland ou même Storch/Criquet. Ensuite l'excellent Yves Gardan GY-20 Minicab F-BEYG (tiens les initiales de Gardan en finale!!!), au fuselage décoré à droite, et possiblement à gauche, par un grand Popeye en pied aussitôt après la verrière.
Exemplaire V11, il avait été construit par un industriel du Doubs au nom commençant par un V et par le mécanicien déjà cité ayant fait la Campagne de Syrie. Ce dernier, un jour de canicule abominable, y travaillait complètement "à poil" et la catastrophe annoncée arriva!!! Il avait toujours eu pour habitude, depuis qu'il était mécano, de fermer les lourds tiroirs à portée de son bas-ventre d'un bon coup de reins... La routine, nu, fit que la partie la plus intéressante de ses "roubignoles" fut très violemment prise en sandwich!!! Inutile de s'étendre sur la folle douleur mais plutôt d'insister sur toutes les couleurs de l'arc-en-ciel prises par la pièce anatomique du coin pendant deux bonnes semaines, sinon plus (ça dura des mois les séquelles. Alors vous qui voulez construire un avion, attention aux hél.. non, aux tiroirs!!!)... Tu te souviens Edouard combien il nous faisait rire à chaque fois dans l'atelier au fond du "Butler" quand il racontait "le coup du tiroir" aux nouveaux! Je m'adresse ici à un ami de club (sans cesse on parlait avions militaires ou on s'exercait à des "Recognition Tests"), un aîné devenu pilote de T-6 en AFN puis instructeur de club y compris pour moi et qui, le jour où il aura un ordinateur, vous montrera une sacré collection de photos et en aura dix fois plus à vous dire que moi sur l'aviation, comme sur les chasseurs Caudron 714 utilisés chez nous par les pilotes Polonais en 1940, par exemple, dont il fit un article très remarqué dans le "Fana de l'Aviation"...
Après Popeye, passons au Piper L-4H-PI CUB C/n 11626, F-BDRQ, avec peut-être un insigne d'escadrille d'observation US car l'avion venait des surplus, propriété de l'Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées du T. de B.. Il lui prenait, rarement, la fantaisie de faire quelques excentricités de pilotage comme passer au ras du toit du hangar avant de se poser en travers des pistes et si le moniteur chef se manifestait pour réprouver il se justifiait en assurant: -Je fais l'imbécile avec prudence! Ce qui est sûr c'est que, hors le plein ralenti, il économisait bigrement son moteur en n'affichant jamais, et de pas mal, les régimes nominaux exigés par les différentes phases de vol!!! Cet avion se caractérisait par sa verrière courte faisant perdre tout ce qui faisait l'originalité attirante du Piper d'observation.
Sur les trois autres appareils, bien qu'intarissable en souvenirs, j'en lâcherai un peu et plus loin...